~~Ambiance: Cheap and Cheerful~~ ~I want you to be crazy~
~'Cause you're boring baby when you're straight~
~I want you to be crazy~
~'Cause you're stupid baby when you're sane~ Ce "Surnom" d'où vient il :Frankie? Le lycée. Le club cinéma du lycée, pour être plus précis. Lorsqu'ils se sont rendus compte qu'avec elle, on parlait films fantastiques, ou on ne parlait pas.
"Eh, faudrait voir à rigoler un peu, Frankensteinette!"
Mais comme Frankensteinette c'est beaucoup trop long, et que Frankenstein c'est pas beaucoup mieux, c'est devenu Frankie. Et comme c'était plus taquin que vraiment méchant, c'est resté, même lorsqu'elle a accepté de parler d'autre chose que de la performance de Peter Cushing dans le premier Dracula.
En plus, allez savoir pourquoi, tous ces machos des plateaux de tournage sont plus à l'aise quand ils peuvent lui filer un nom d'homme. Alors elle laisse faire. Sauf sur le plateau où c'était aussi le nom de l'une des grues. Et dans cette autre équipe où un abruti chantonnait en boucle "vas-y Franky, c'est bon..."
Parce que finalement, elle aime bien Frankie.
Age : 24 ans
Profession: Pour l'administration, elle est étudiante en ethnologie. Certainement pas la major de sa promo, mais plutôt assidue, et indéniablement intéressée.
Le reste du temps, elle fait la camerawoman option réalisatrice dès qu'une occasion se présente: de préférence des courts-métrages ou des documentaires, mais en cas de trou dans le porte-monnaie elle peut aussi faire l'assistante pour une mauvaise série ou une émission un peu racoleuse. Par contre, jamais de porno: dans la vie, faut quelques principes.
Bagage :Type? Un sac de voyage Delsey 72cm, avec des bandoulières bricolées pour qu'elle puisse le porter comme un sac à dos. Le nylon noir est rayé, parsemé de traces suspectes qui ne partent plus, mais toujours solide, tout comme les coutures assouplies par l'usage et le bourrinage répétitif. A la poignée, une étiquette plastifiée double-face: la première comprend son nom et son adresse, la deuxième, réservée aux coordonnées de la destination, est vierge. La double fermeture Eclair de la poche principale est verrouillée par un cadenas en laiton, à clé.
Contenu? Compact, vu que Frankie est du genre prévoyante et qu'elle ne sait absolument pas si on peut laver ses vêtements au Paradis. Elle est partie du principe que "oui, mais bon on va se méfier, hein". Donc elle a embarqué trois jeans, un gros pull en laine (vert), trois sweat-shirts, une dizaine de tee-shirts plus ou moins présentables qui feront aussi office de petites chemises, assez de sous-vêtements pour en changer tous les jours (ça, c'est la partie "on se méfie"). Un K-way. Une anomalie: une robe noire, sobre et serrée, au cas où il faudrait VRAIMENT qu'elle participe à une soirée sans aucune possibilité de se défiler.
Peu d'accessoires: un pendentif qu'elle porte sur elle (un oeil bleu en cristal de Murano), une casquette NYPD, des lunettes de soleil teinte 3.
Question chaussures, une paire de Converse kaki plus vieille que celle qu'elle a aux pieds. Des ballerines noires.
Une trousse de toilette avec brosse à dent, dentifrice, savon de Marseille, peigne, shampoing, démêlant, stock d'élastiques, tampons, et en cas d'urgence vitale (mais vraiment vitale, alors), du fond de teint, du rouge à lèvre et du mascara.
Pharmacie réduite au strict minimum: pansements, désinfectant, ibuprofène, paracétamol, de quoi empêcher la nourriture de ressortir à un bout comme à l'autre et de quoi annuler les crampes.
Un lecteurs MP3 qui fonctionne sur piles, avec force BO de films et musique classique (pour quand elle organise le montage), plus un peu de rock pour les moments où il faut du bruit pour assourdir ses propres pensées.
A cela s'ajoute une besace couleur sable destinée à son trésor personnel, que celui qui le convoite devra arracher à ses doigts raidis par la mort: une
caméra numérique Panasonic AG-DVX100b, achetée à "bas" prix grâce à un ami cadreur, qui lui-même avait un copain au service après-vente de Darty. La poignée était mal soudée, vice de fabrication, retour à l'envoyeur pour échange, magouille de l'envoyeur, ouïe-dire de la magouille par le cadreur, occasion mirifique pour Frankie - c'est que neuf, ce genre de bijou, ça vaut dans les 4000 euros. Elle a donc recollé la poignée, et maintenant elle dort pratiquement avec.
La caméra est accompagnée de dix cassettes numériques neuves, d'une batterie de rechange, d'un chargeur et d'un câble USB - après tout, dans une retraite d'écrivains, il doit y avoir des ordinateurs. Sinon tant pis, elle préparera le montage en prenant des notes dans le carnet à spirales qu'elle traîne partout avec elle. Frankie emporte également son trépied (au fond de son sac de voyage), une bâche de plastique découpée et recollée pour former une housse étanche (dans une poche latérale du sac de voyage) et de quoi nettoyer objectif et micro.
Comme on a droit qu'à un seul bagage, elle se dit que si le vieux râle, elle gardera la caméra dans ses bras (de toute façon il la lui faudra dans le bus) et qu'elle tassera la besace avec le reste.
Oh, j'ai failli oublier le spray au poivre dans la poche de son blouson. "On va se méfier, hein".
Physionomie: Elle vous dira qu'elle n'a rien d'extraordinaire. Qu'elle est plutôt jolie, mais qu'à 24 ans c'est le cas pour pratiquement toutes les filles. Un visage aux traits assez affirmés, mais harmonieux. Des yeux verts. Pas de maquillage sauf contrainte. De longs cheveux bruns, beaux mais pas toujours bien démêlés, souvent domestiqués en une queue de cheval sans prétention. Un corps de jeune femme active, tonique, avec un ou deux kilos à perdre aux hanches et aux cuisses, des attributs qu'elle ne cache pas mais met rarement en valeur. Des vêtements passe-partout, une attitude passe-partout. Un don certain pour la discrétion, jusqu'à devenir transparente lorsqu'elle filme.
Caractère: En dehors. C'est le meilleur moyen de la résumer. Elle est toujours en dehors, à observer des êtres auxquels elle ne se joint pas.
La Frankie qui transparaît dans ses écrits et films est maligne, audacieuse, féministe. Elle a l'air plutôt gentille, sincèrement intéressée par vos problèmes à la con. Ambitieuse et désireuse de changer le monde, au moins un peu. Fille normale qui aimerait ne pas l'être.
Mais dans la réalité, on ne voit qu'une fille effacée, qui ne sourit que de cette grimace timide qui ne montre pas les dents. Elle n'est pas très bavarde, paraît souvent dans la lune, à la limite de la mélancolie. Et seule, bien sûr. En dehors. Non pas qu'elle se mette volontairement à l'écart, mais plutôt comme s'il y avait quelque chose dans sa voix, dans ses regards, qui la plaçait d'office en retrait. Comme si, sans rebuter les autres, elle ne parvenait jamais à en faire partie.
On peut penser qu'elle a fini par en jouer, puisqu'elle se spécialise dans l'ethnologie et dans la réalisation de documentaires, deux excellentes manières de participer à l'action sans s'y impliquer. Comment elle le vit réellement, dans sa petite tête, elle ne l'a dit à personne.
Faut dire aussi que jamais personne n'a fait assez attention à elle pour le lui demander.
Ce que vous fuyez avec tant d'ardeur: Disons qu'elle ne fuit pas, mais qu'elle cherche autre chose. Une autre vision du monde, une vague idée d'utopie. Après tout, une communauté de créateurs, il doit bien en sortir quelque chose de bon. Comme une bonne équipe de tournage libérée des contraintes techniques.
Moins officiellement, elle espère que pour une fois elle fera moins partie du décor, et un peu plus des acteurs.
Et carrément officieusement, elle espère que le film qu'elle en tirera lui attirera l'attention de certains. D'un certain, surtout (mais ça elle-même refuse de se l'avouer).
Quel mot avez vous laissé avant de tout quitter:L'essentiel, elle l'a dit à sa mère et à son père, dans un coup de téléphone qui n'a pas pris vingt minutes. L'essentiel, elle l'a fait en confiant Beetlejuice (le chat) à la chouette fille qui est sa voisine. Elle a mis à jour ses factures, coupé le gaz, éteint son portable qu'elle a laissé dans l'entrée. Elle a envoyé des mails à tous ses contacts semi-pro, qu'ils soient prêts à recevoir l'oeuvre unique qu'elle s'apprêtait à concevoir.
Et puis après l'essentiel, avant de couper l'électricité, il y a eu un blanc. Elle a hésité, s'est remémoré la tête du vieux, au café, la tête de son infirmière de film X. Puis, en se sentant stupide, elle a écrit un dernier mail. C'était con, presque un peu... à l'eau de rose [frisson]. Elle en a eu honte, a failli le supprimer. Mais elle l'a envoyé. Elle a mis la machine hors tension, éteint le disjoncteur. Et elle est partie.
- Citation :
- Salut Alec.
C'est Frankie, la camera de Dracula. Je ne sais pas si tu te rappelles de moi. Si non, ce n'est pas grave.
Je suis allée au café, celui de l'annonce placardée au studio. Et je pars avec eux pendant trois mois. Je vais les filmer. Quand je reviendrai, j'aimerais bien que tu jettes un coup d'oeil aux rushes. Je voudrais obtenir une ambiance qui ressemble à celle de ton "Chemin". C'était un très bon film. Et j'aimerais vraiment retravaillé avec toi.
Vraiment.
Frankie